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Santé et Nutrition

Entrepreneurs de vision = entreprises à succès

	La Maison Bergevin
	Des petits fruits québécois aux quatre coins du globe À l’heure où le miso japonais, le curcuma indien ou encore le kefir caucasien, ces produits exceptionnels pour la santé, gagnent en popularité en Amérique du Nord, la canneberge québécoise, elle, savoureuse et au moins aussi vertueuse, séduit les consommateurs d’ailleurs. Or, si elle voyage si bien et si loin, c’est en grande partie grâce au dynamisme de La Maison Bergevin.
Maison Bergevin Fondation : 1999 Installations : tous les produits de La Maison Bergevin sont fabriqués dans son usine de 15 000 pieds² située à Québec Fournisseurs : Les Canneberges d’Or (entreprise sœur), une ferme de canneberges de 60 acres située à Manseau, au Québec, ainsi que plusieurs autres producteurs de canneberges, bleuets et cassis, triés sur le volet Nombre d’employés : une quarantaine Chiffre d’affaires : 10 millions $ CA Marchés : industriel, services alimentaires et le détail Produits vedettes : les canneberges séchées sucrées entières; les jus, la poudre et les purées sont aussi des produits en forte demande La canneberge peut être cultivée dans quelques régions du globe seulement Au Québec, la canneberge est aussi appelée atoca, un terme d’origine amérindienne

Les Amérindiens utilisaient la canneberge pour ajouter de la saveur et des vitamines à leur plat de base, et les marins de la Nouvelle-Angleterre en consommaient pour se protéger du scorbut. Aujourd’hui, les études sont de plus en plus nombreuses à confirmer de manière scientifique ce que nos ancêtres savaient d’expérience. En fait, en plus d’être riche en vitamine C, ce fruit indigène renferme de puissants antioxydants qui peuvent non seulement aider à prévenir plusieurs types d’infections (en particulier celles du système urinaire), mais également l’apparition des maladies cardio-vasculaires, de certains cancers et de plusieurs maladies liées au vieillissement.

Fin des années 1990, avec l’engouement que suscitent les aliments santé, il n’en faut pas davantage pour que Marie Claude Bergevin y voie un fruit d’avenir, et un excellent filon pour se lancer en affaires. Seul hic, «faire de la canneberge» constituerait un tout nouveau métier pour elle. Qu’à cela ne tienne, celle qui fut architecte paysagiste, femme d’affaires dans différents domaines, vice-présidente du département environnement d’une grande société d’ingénierie et une travailleuse acharnée, ne veut pas quitter la vie active sans avoir bâti quelque chose de plus durable. Les plants de canneberges ne produisent des fruits que deux à trois ans après avoir été mis en terre... En revanche, ils offrent ensuite leurs baies acidulées année après année, et ce pendant des siècles ! En 1997, avec l’une de ses filles, nutritionniste de formation, et son gendre, un agronome, Marie Claude Bergevin met donc sur pied Les Canneberges d’Or, une ferme de culture de la canneberge. Deux ans plus tard, en 1999, elle fonde La Maison Bergevin, qui a alors pour mission de transformer les fruits récoltés à la ferme. Rapidement, l’entrepreneure est surprise par son propre succès.

«Lorsque ma mère a démarré La Maison Bergevin, elle comptait transformer et commercialiser la canneberge à petite échelle. Mais très vite, elle s’est retrouvée devant une forte demande, et son projet a pris beaucoup d’ampleur», raconte sa fille Annie, qui a fait sa marque dans de prestigieuses institutions financières avant de joindre la PME familiale en tant que Vice-présidente, développement des entreprises. Pour satisfaire sa clientèle, Marie Claude Bergevin commence donc l’achat et la transformation de canneberges provenant de plusieurs autres producteurs. Puis, menée par son grand sens des affaires, elle développe de nouveaux produits, cette fois à base de bleuets et de cassis, deux autres fruits nordiques aux propriétés thérapeutiques importantes. À l’écoute des besoins de chacun de ses clients, la fondatrice et présidente crée des produits de grande qualité de plus en plus variés. Aujourd’hui, son entreprise transforme environ 7 millions de livres de petits fruits chaque année qu’elle vend sous toutes les formes imaginables : séchés sucrés entiers, congelés, en jus, poudre et purée, ou encore enrobés de chocolat ou dans un sirop léger. Version biologique ou conventionnelle. Sans oublier le thé aux trois fruits!

Miser sur l’innovation

«Nous sommes un petit joueur dans un secteur dominé par de gros noms, dont la multinationale Ocean Spray, qui occupe 70 % du marché», explique Annie Bergevin. «Nous n’avons donc pas le choix de nous différencier. Pour ce faire, nous investissons énormément dans la recherche et le développement.»

Résultat, il y a cinq ans, La Maison Bergevin était la première à offrir la canneberge sucrée, séchée et entière, un produit mis au point grâce à deux ans de travail en partenariat avec l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval, dédié à la recherche et au développement de produits alimentaires qui améliorent la santé et préviennent les maladies chroniques. «Depuis, plusieurs nous ont copié», souligne la Vice- présidente de la Maison Bergevin. «Mais nous sommes les premiers à avoir proposé la canneberge sous cette forme, devenue notre plus gros vendeur. Et personne n’est en mesure de reproduire parfaitement notre technique!»

Plus récemment, l’entreprise de Québec a développé des poudres et des extraits destinés aux fabricants de produits de santé naturels. «Les poudres, par exemple, sont des concentrés de nutraceutiques, c’est-à-dire de ces éléments actifs présents à l’état naturel dans le fruit, et procurant un effet bénéfique pour la santé. Le marché des nutraceutiques est extrêmement intéressant, car il est en croissance et offre de bonnes marges de profit», précise Annie Bergevin.

Atocas autour du monde

Innover et offrir une variété de produits à valeur ajoutée sont deux grandes forces de La Maison Bergevin. Mais cette dernière sait aussi propulser ses baies made in Quebec sur les marchés étrangers. En effet, l’entreprise exporte jusqu’à 95 % de sa production dans plus de 15 pays, dont le Japon, Taïwan, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne, la Hollande, la Pologne, les États-Unis et le Chili. «Au Japon, c’est le bleuet qui est très en demande, confie Annie Bergevin. La population, là-bas, est bien au fait qu’il peut améliorer la vision.» Mais la bonne nouvelle ne devrait pas tarder à se répandre... Et la canneberge et ses cousins, à poursuivre leur belle lancée!

Véronique Lord

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