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Santé et Nutrition

Préparer l’avenir : portraits de chercheurs

	Le Dr Jean-Pierre Després redéfinit la notion de l’obésité à risque
	Reconnu partout à travers le monde pour ses travaux sur l’obésité abdominale et les risques pour la santé cardiovasculaire, le Dr Jean-Pierre Després, rattaché au Centre de recherche de l’Hôpital Laval, à Québec, constate avec fierté que le concept qu’il a lancé, il y a 25 ans, est aujourd’hui consacré : la «bedaine», fléau du 21e siècle!
Doctorat en physiologie de l’exercice à l’Université Laval en 1984 Études postdoctorales au Département de médecine de l’Université de Toronto de 1984 à 1986 Chercheur boursier du Fonds de la recherche en santé du Québec à l’Université Laval, de 1986 à 1991 Directeur scientifique de la Chaire internationale sur le risque cardiométabolique à l’Université Laval, depuis 2005 Plus de 450 publications scientifiques et 45 chapitres de livre Récipiendaire de nombreux prix nationaux et internationaux

Les premiers résultats des travaux sur l’obésité abdominale de ce chercheur de Québec et son équipe sont parus à la fin des années quatre-vingt. Ils demeurent encore aujourd’hui parmi les plus cités au monde. «On faisait figure de pionniers à l’époque, mais aujourd’hui notre concept est établi partout sur la planète et ma plus grande fierté est que cette découverte émane d’ici», souligne le Dr Després, directeur scientifique de la Chaire internationale sur le risque cardiométabolique de l’Université Laval, localisée au Centre de recherche de l’Hôpital Laval, et au sein de laquelle le groupe Sanofi Aventis a investi plus de 7,5 millions de dollars. Il est aussi professeur à la division de kinésiologie au département de médecine sociale et préventive de l’Université Laval, en plus d’être membre de la Chaire de recherche Merck-Frosst/IRSC sur l’obésité, première du genre au Canada.

«Tricoté en laine du Québec», comme il le dit si bien, le Dr Després caressait un rêve, à l’issue de ses études. Originaire de Montmagny, il souhaitait revenir à Québec pour développer et faire progresser chez lui la recherche en obésité, ce qu’il a fait en 1986. Il n’a jamais regretté.

«Nous formons une belle grande équipe, avec l’Hôpital Laval et l’Université Laval. Dans bien des secteurs d’activités, Québec peut et doit faire preuve de leadership et j’espère faire ma part», dit-il.

Il a remporté son pari haut-la-main. «Dans notre domaine, dit le chercheur, notre réputation est excellente et nous sommes invités à présenter des conférences un peu partout, en plus d’exporter nos concepts aux États-Unis, en Europe, en Australie et aussi en Asie.»

Projet innovateur

Précurseurs, le Docteur Després et son équipe sont parvenus à démontrer, par la suite, pourquoi le fait d’avoir une «bedaine» était dangereux pour la santé cardio-vasculaire. Ils ont établi que des substances toxiques pour l’organisme sont produites par la graisse logée dans la cavité abdominale.

Inspiré, il souhaite maintenant participer à la création d’un centre de recherche multidisciplinaire dans le domaine de la prévention des maladies cardio-vasculaires et dans la prise en charge de l’obésité abdominale.

Cette plate-forme multidisciplinaire en santé cardio-vasculaire permettrait de travailler en prévention, mais aussi d’exercer un suivi efficace sur les patients. Déjà, avec le Dr Paul Poirier, cardiologue et directeur médical du Pavillon de prévention des maladies cardiaques (PPMC) de l’Hôpital Laval, à Québec, et d’autres collègues de son institution, le Dr Després a mis sur pied un projet innovateur en ce sens.

Appelé Synergie, ce projet attire l’attention des spécialistes du monde entier. «Nous offrons aux hommes sédentaires l’opportunité de bénéficier de consultations personnalisées auprès d’une nutritionniste et d’un kinésiologue afin de recalibrer leurs habitudes alimentaires et d’activité physique en douceur, et ainsi créer des réflexes et de nouvelles habitudes à long terme», explique le Docteur Després.

Les résultats sont probants. Plus de 80 % des participants au projet Synergie ont perdu sept kilos et neuf centimètres de tour de taille après un an. Ils ont également maintenu leurs résultats après trois ans et leur profil de santé s’est considérablement amélioré.

« Le but, ce n’est pas de faire de ces gens des coureurs de marathons mais bien de changer leurs habitudes en leur offrant du support. Nous avons calculé les coûts : ils s’élèvent à 1000 $ par personne par année, ce qui est beaucoup moins élevé que les coûts de soins de santé liés au diabète et aux complications dues à l’obésité abdominale.»

Référence mondiale

Le Dr Després et son équipe ont également créé un site Internet éducatif sur l’obésité abdominale et sa prévention (www.cardiometabolic-risk.org) qui est visité dans une centaine de pays.

«Plusieurs pays s’intéressent à ce que nous faisons ici à Québec, car notre réputation est excellente, mais aussi parce qu’ils sont aux prises eux aussi avec d’importants problèmes d’obésité. Si on pouvait travailler en amont et éviter de léguer des coûts de santé exorbitants à nos petits-enfants, ce serait merveilleux.»

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